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On nous écrit (initiative Alberto Mocchi) – Réponse à M. Petermann

Olivier PetermannOn nous écrit
La Nation n° 2276 4 avril 2025

A propos de l’article «?L’initiative Alberto Mocchi, un premier pas vers la défense de nos agriculteurs?» paru dans La Nation du 7 février 2025.

En tant que rapporteur de majorité de la commission chargée d’examiner cette initiative, je me dois de vous apporter quelques éléments, vu que la recommandation au plénum est de ne pas la prendre en considération par quatre voix, soit l’ensemble des commissaires de droite, UDC comprise, contre trois et aucune abstention. En effet, suite à la discussion en commission, la majorité relève que les consommateurs et consommatrices doivent avoir le choix.

Les réglementations suisses plus sévères permettent de vraiment mettre en avant notre agriculture et de commercialiser nos produits avec une forte valeur ajoutée. C’est un moyen, et non des moindres, de pouvoir se différencier avec les produits importés. Si tous les produits issus de l’importation ont les mêmes normes de production qu’en Suisse, il en résultera que nous risquons de ne plus les produire chez nous. Ces denrées alimentaires, certes produites aux normes suisses, seraient de toute façon moins chères dans nos magasins. Les salaires, les outils de production, les bâtiments, les terres sont, de toute manière et de loin, beaucoup plus chers qu’a l’étranger. De ce fait, si l’agriculteur suisse n’a plus l’argument d’une production plus respectueuse de la nature et de ces conditions de travail que l’agriculture étrangère, le choix du consommateur risque de ne se faire qu’au niveau du prix. Pourquoi payer plus cher pour une denrée produite aux mêmes conditions??

Lors de la votation de 2018, ce sont aussi ces arguments qui avaient convaincu non seulement tous les partis de droite, mais également des associations économiques et de défense des consommateurs de s’opposer au texte.

Je conviens que l’agriculture et sa défense professionnelle pourraient mieux informer et sensibiliser le consommateur mais, quant à l’infantiliser sur ces comportements alimentaires, je vous en laisse la responsabilité.

Olivier Petermann,
agriculteur, député PLR

Réponse

Il est couramment admis par n’importe quel adepte du libéralisme que la concurrence est saine et profitable à tous, pour autant qu’elle soit loyale et équitable. C’est pourtant assez curieusement que Monsieur Petermann défend qu’une concurrence déloyale, a priori en défaveur de notre agriculture, soit un atout pour notre production?! L’argument est que les produits suisses, soumis à de plus dures normes que les produits étrangers, seraient ainsi mis en valeur. Au contraire selon lui, si on imposait les mêmes normes aux produits importés, les produits suisses ne présenteraient plus d'intérêt aux yeux du consommateur.

Si la situation est meilleure telle qu'elle est maintenant, on peut alors se demander pourquoi l’agriculture est en crise?? Pourquoi les paysans se plaignent d’une concurrence déloyale qui devrait pourtant les avantager aux yeux du consommateur?? Eh bien, ce n’est tout simplement pas le cas, selon l’USP. Son président Markus Ritter relève que «?les réglementations [sont] particulièrement strictes en Suisse concernant la détention d’animaux de rente?». Ces limitations provoquent selon lui une augmentation des importations.1 En effet, même si les produits suisses peuvent se démarquer par une qualité supérieure, cela n'empêche pas les produits étrangers de se démarquer par leur prix. Et ce n’est pas infantiliser les consommateurs que de constater que, parmi eux, seuls les plus aisés peuvent se permettre de choisir sur le critère de la qualité plutôt que sur celui du prix. Des produits étrangers soumis aux mêmes normes seraient moins nombreux et à des prix moins compétitifs. La concurrence n’étant plus déloyale, les produits suisses n’auraient probablement pas de mal à se démarquer.

En 2009, la Ligue vaudoise avait combattu la reprise unilatérale par la Suisse du principe du Cassis de Dijon. Les principes qui avaient présidés à cette reprise demeurent contestables aujourd’hui. Nous ne parvenons pas à nous rallier aux considérations libre-échangistes de M. Petermann en matière agricole.

Quentin Monnerat

1 https://www.rts.ch/info/suisse/14596246-la-faitiere-des-paysans-demande-une-hausse-des-prix-a-la-production-de-5-a-10-en-2024.html (publié le 3 janvier 2025).

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