L’école des confinés
Après deux mois d’interruption des cours, le 11 mai prochain, les écoles primaires pourront enfin rouvrir leurs portes. La réalité scolaire a bien changé depuis mars dernier: les élèves travaillent à la maison. Les enseignants doivent faire preuve d’imagination pour donner leurs cours. Certains optent pour des services de téléconférences, mais lorsqu’on enseigne en primaire la tâche est un peu ardue. Ces moyens informatiques ont leurs limites, l’enseignant ne peut pas toujours compter sur l’autonomie des élèves. Les établissements se sont organisés afin de trouver les meilleures solutions possibles pour que les enfants puissent faire l’école à la maison.
Une des premières décisions tombées lors de l’annonce de la fermeture des écoles a été la fin des évaluations certificatives. Dans son communiqué du 24 mars, Mme Amarelle recommande que le travail demandé aux élèves dure quotidiennement de 60 à 120 minutes pour le cycle 1, de 90 à 150 minutes pour le cycle 2 et entre 150 et 210 minutes pour le cycle 31. Plus bas, il est précisé que «les activités fournies remplacent les devoirs à domicile»2. Logique, me direz-vous. Les devoirs à domicile n’ont plus de raison d’être quand l’école se passe à la maison. Il est quand même intéressant de voir que la conseillère d’Etat s’est donné la peine de le préciser.
Il est impossible pour l’heure de se prononcer sur les conséquences qu’une telle coupure scolaire aura sur les apprentissages. Bien qu’aucun ou peu de nouveaux apprentissages n’aient été abordés durant cette période, il y a fort à parier qu’à ce niveau-là les conséquences, pour la bonne majorité des élèves, ne seront pas désastreuses. Avec quelques efforts, les retards devraient être rattrapés. Cependant, toute une volée aura obtenu son certificat d’études obligatoires ou sa maturité au bout d’une année tronquée, sans connaître l’expérience des examens.
L’inquiétude se situe plutôt dans le message que transmettent les autorités en annulant d’abord les tests, puis les examens dès qu’elles en ont la possibilité. Ceux-ci ne seraient-ils donc pas utiles dans le parcours scolaire? Il est à craindre que la gauche, voyant que l’expérience Covid 19 s’est, selon elle, bien déroulée, revienne se battre en première ligne pour la suppression des devoirs à domicile et la promotion automatique ou une variante de celle-ci.
Notes:
1 Le cycle 1 comprend les classes de 1re à 4e HarmoS, le cycle 2 celles de 4e à 8e HarmoS et le cycle 3 les classes du Secondaire I.
2 Tiré de Dispositions de mise en œuvre de l’enseignement à distance dans l’enseignement obligatoire (COVID 19) du 24 mars 2020, p. 2.
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Flux tendu… vers quoi? – Editorial, Olivier Delacrétaz
- L’économie vertueuse – Olivier Klunge
- Pendereckiego Pasja według Św. Łukasza, genialna muzyka! – Jean-Blaise Rochat
- Confinement et désespoir – Jacques Perrin
- On nous écrit – On nous écrit, Jean-François Cavin
- Le rôle des associations professionnelles – Lionel Hort
- La Plateforme: une tour d’horizon du capitalisme – Simon Laufer
- Rentrée parlementaire: déconfiner aussi les lois – Félicien Monnier
- Occident express 58 – David Laufer
- L’informatique, ce truc de vieux – Le Coin du Ronchon