Notre patrimoine bâti
Il y a quelques temps, nous avons reçu, lors d'un mercredi, Mme Béatrice Lovis, professeur à l'Unil et présidente de la Section vaudoise de Patrimoine suisse entre 2017 et 2023 – elle demeure, depuis, vice-présidente.
La section vaudoise fut créée en 1910, cinq ans après la faîtière suisse. L'impulsion provenait de Marguerite Burnat-Provins qui souhaitait créer une «Ligue pour la beauté» afin de lutter contre l'enlaidissement du paysage dû au développement industriel ainsi qu'à la pression immobilière qui poussait à détruire des monuments. Si l'association est vouée à la défense du patrimoine bâti et paysager, elle se concentre depuis longtemps sur le premier car d'autres associations disposent de moyens supérieurs concernant la nature.
En 1998, un legs offre à la section vaudoise son siège actuel, le domaine de la Doges à la Tour-de-Peilz (dont nous recommandons la visite ainsi que le suivi du programme des spectacles).
Aujourd'hui, avec un peu plus de 1000 membres, la section vaudoise est la cinquième de la Confédération. Notons que la réputation de l'association demeure plus forte outre-Sarine. Si augmenter le nombre de membres est difficile, la présidence de Mme Lovis s'est close sur un rajeunissement de ceux-ci. Les activités du comité ont fortement augmenté, de même que le développement de la médiation culturelle, certains partenariats ou les possibilités d'influence.
Le premier objectif de l'association est la sauvegarde du patrimoine bâti, ce qui nécessite un suivi des mises à l'enquête, pouvant mener à des oppositions (la conservation du droit de recours est ainsi un enjeu important). Les actions citoyennes sont souvent des appuis importants. Quant à la pression médiatique, elle peut servir en dernier recours.
Dans les défis, relevons l'avenir des anciennes fermes et la densification qui, si elle protège la nature, peut pousser à détruire certains bâtiments. Le patrimoine industriel et du XXe siècle a quant à lui commencé à être protégé, après une longue période où il n'était pas pris en compte, ce qui interroge sur l'évolution du regard porté sur ces éléments.
Dans la protection du patrimoine, les communes ne jouent pas toujours leur rôle. Quant au Canton, après une période difficile – les cures vaudoises se souviennent de notre ancien grand argentier –, les relations semblent s'améliorer.
Quelques éléments pourraient être corrigés. Actuellement, choisir une rénovation protégeant mieux le patrimoine mais garantissant une moins bonne isolation peut faire perdre les subventions liées à l'isolation sans permettre l'accès à des subventions patrimoniales. La formation des architectes souffre aussi d'une carence sur les thématiques patrimoniales.
Le second objectif de l'association est la valorisation, qui commence par la prise de conscience de l'importance du patrimoine. La fédération des associations locales, les visites et distinctions font partie des activités principales. Relevons le succès du forum énergie et patrimoine. Enfin, la prise de conscience est facilitée par l'importance de l'enseignement de l'histoire. Des visites du patrimoine pourraient être organisées par les écoles.
Ce petit tour d'horizon nous a permis de nous plonger dans les enjeux et difficultés entourant la protection de notre patrimoine bâti, en soulignant un exemple de l'importance de l'engagement associatif.
Référérence:
Site de l'association: www.patrimoinesuisse-vd.ch
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Les gargouilles ne sont pas républicaines – Editorial, Félicien Monnier
- Droit international: attention! – Jean-François Cavin
- L’amour des lois règne-t-il aussi dans les caravanes? – Lionel Hort
- Esdras et Néhémie sont de retour – On nous écrit, André Durussel
- Lavaux de A à V – Jean-François Cavin
- Double soumission – Olivier Delacrétaz
- Le fédéralisme menacé par le droit international – Xavier Panchaud
- Occident express 130 – David Laufer
- Un démocrate – Jacques Perrin
- Le Canton contre la cancel culture – Le Coin du Ronchon