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L’initiative Alberto Mocchi, un premier pas vers la défense de nos agriculteurs

Quentin Monnerat
La Nation n° 2272 7 février 2025

Le début de l’année 2024 a été marqué par une crise du monde agricole et par la colère des agriculteurs dans de nombreux pays dont la Suisse. Par son initiative parlementaire «Pour des règles claires en matière d’importation de denrées alimentaires», Alberto Mocchi propose une solution qui semble fédératrice. Il souhaite imposer aux produits d’importation les mêmes normes de production que les produits suisses et propose donc que le Conseil d’Etat exerce son droit d’initiative auprès des Chambres fédérales. Pour cela, Alberto Mocchi relance l’initiative «Pour des denrées alimentaires saines et produites dans des conditions équitables et écologiques», proposée en 2018, par les Verts au niveau fédéral1. Cette initiative, malgré son rejet, avait fait consensus dans le Pays de Vaud avec 64% de OUI; elle avait en effet été soutenue par un large front des Verts à l’UDC en passant par de nombreux groupes de défense de la nature et des agriculteurs. Comme cette initiative, celle d’Alberto Mocchi compte des signataires de tous les partis, excepté le PLR.

Le but du projet est de mettre fin à une concurrence déloyale dont souffre notre agriculture. La Suisse a fait le choix d’une agriculture très normée, tout en continuant d’importer des produits qui ne sont pas soumis aux mêmes exigences. Et les produits suisses ne peuvent évidemment pas concurrencer les prix. L’exemple souvent repris est celui de l’élevage en batterie qui est interdit en Suisse depuis 1992, alors qu’il est possible d’importer des produits qui en sont issus.2

Lors de son passage en commission, l’initiative est principalement ciblée par des contre-arguments libéraux. En effet, certains opposants craignent que cette entrave à la liberté du marché fasse augmenter les prix ainsi que le tourisme d’achat. Ils estiment plutôt qu’il faut laisser le choix aux consommateurs de privilégier ou non les produits suisses, plus chers mais plus respectueux des normes. Malheureusement le consommateur, peu informé et peu sensibilisé, a tendance à faire son choix sur le prix, ce qui défavorise les produits suisses. Quant à la diminution du pouvoir d’achat, les soutiens à l’initiative rappellent que le pourcentage des revenus dévolu à l’alimentation est en baisse ces dernières années. Cette tendance indique que les consommateurs sont probablement capables d’absorber ces coûts. Et il ne faut pas oublier que soulager nos agriculteurs d’une concurrence déloyale aura un effet positif sur leur pouvoir d’achat.3

Même si la faisabilité du projet n’est pas certaine, face à la crise que subit actuellement l’agriculture, nous ne pouvons que nous réjouir d’une mesure qui fédère autant d’acteurs politiques. Le marché libre a des inconvénients dont notre agriculture paye le prix. Bien que le consommateur puisse trouver un intérêt économique aux produits d’importation, l’intérêt commun et celui de notre agriculture nécessitent un effort et un soutien facilités par l’initiative Mocchi. Nous saluons donc cette démarche qui sera discutée prochainement au Grand Conseil.

Notes:

1   Source: Votation populaire du 23 septembre 2018, Initiative «Pour des denrées alimentaires saines et produites dans des conditions équitables et écologiques», bk.admin.ch

2   Texte de l’initiative Alberto Mocchi et consorts - Pour des règles claires en matière d’importation de denrées alimentaires, Séance du Grand Conseil du mardi 21 janvier 2025.

3   Rapport de la majorité de la commission, chargée d’examiner l’initiative.

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