Accomplir Gilles, sans musique…
En scène à l’Oxymore, théâtre culliéran, un jeune Vaudois se produit, seul sur scène. Le Rhin déloge, des replats pour le pique-nique, un Männerchor, Jean Rosset se fait tutoyer: Jean Villard, dit «Gilles» est de retour.
Le parolier vaudois est interprété d’une bien étrange façon. Sans musique. Place au texte.
Devant cette poésie, le parti pris du comédien nous force à nous concentrer sur le langage de notre illustre vedette: sans la mélodie, le texte se déploie comme seul sujet de méditation, et en en devenant le cœur, nous pousse à contempler Gilles d’une nouvelle façon, à un autre rythme: plus lent, poétique, intérieur.
Ce parti pris, «couillu» comme tout, mais surtout rudement bien interprété, permet entre autres de nous remémorer que c’est par la plume que Jean Villard conquit le cœur des Vaudois et, plus tard, Brel, Piaf, Pagnol, le Tout-Paris et la Légion d’Honneur. Si Gilles en musique nous donne envie de chanter à l’apéro, avec Gilles sans musique on se fend la pipe, un rien nostalgiques.
Ce nouveau spectacle connaît un grand succès partout où il se joue, notamment à l’auberge de l’Onde à Saint-Saphorin, stamm de Gilles par excellence, où les écoliers de la région récitaient il y a encore vingt ans la Venoge devant Madame Gilles. Le rite se poursuit, il traverse les générations, l'éclat de notre poète national ne ternit pas, mais suscite de nouvelles vocations.
D’ici à l’été, Jean-Christophe Guédon se produira aux châteaux de Denens, Saint-Prex et Delémont, à l’Auberge de l’Onde justement – exceptionnellement sous forme de souper-spectacle – où encore à Pully, Cheseaux-sur-Lausanne et Bettens. Les dates exactes peuvent se trouver sur son site: www.jcguedon.ch.
Nous ne pouvons que le recommander: ce spectacle vous permettra de (re-) découvrir toute la beauté et surtout l’humour des textes de Gilles, ou de les faire découvrir à vos enfants. Las de la culture coca-cola, laissez-vous revigorer par trois décis de Saint-Saphorin, bien frais!
Au sommaire de cette même édition de La Nation:
- Un nombre suffisant – Editorial, Félicien Monnier
- L’initiative Alberto Mocchi, un premier pas vers la défense de nos agriculteurs – Quentin Monnerat
- La corporation, la foi et le Parti libéral – Colin Schmutz
- Pour une transformation numérique souveraine – Marc-Olivier Busslinger
- Erratum – C.
- L’enfant philosophe – Olivier Delacrétaz
- Places et jardins – Jean-François Cavin
- L’ultime vallée – Jacques Perrin
- De la culpabilité morale de l’écomobilité – Le Coin du Ronchon