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COP: pour toi et surtout pour moi

Le Coin du Ronchon
La Nation n° 2267 29 novembre 2024

Savez-vous situer Bakou sur une carte de géographie? Cette ville de plus de deux millions d’habitants, qui, sur ses images de promotion, fait fièrement briller de mille feux une opulence moderne et tapageuse évoquant parfois les monarchies du Golfe persique, est la capitale de l’Azerbaïdjan. Cette ancienne république soviétique, aujourd’hui étroitement liée à la Turquie, suit sur le plan international une politique de non-alignement assez proche de celle d’Ankara. Elle a récemment défié l’Occident (et un peu la Russie) en annexant militairement le Haut-Karabagh arménien – non sans susciter quelques toussotements réprobateurs dans les arrière-salles insonorisées d’un ou deux états-majors européens. Située à l’est du Caucase, sur une curieuse péninsule crochue mordant dans la mer Caspienne, Bakou tire sa richesse (et sans doute aussi la grande indulgence des gouvernements occidentaux à son égard) du pétrole présent à profusion dans cette région.

Pourquoi parler de Bakou? D’abord parce que chez nous il ne se passe plus rien et il risque de ne plus rien se passer pendant des décennies. N’est-il pas plus stimulant de parler des pays où la population manifeste son envie de vivre, de se développer, de construire, plutôt que de s’éteindre dans une immobilité complexée, silencieuse et écoresponsable? Ensuite, il faut parler de Bakou parce que ce haut-lieu de l’extraction pétrolière a accueilli pendant quelques jours (pendant que nous grelottions sous la neige) la «COP 29», conférence internationale sur les changements climatiques (expression circonspecte pour désigner ce qu’on appelait autrefois le réchauffement climatique).

Le principal résultat de cette onéreuse agape onusienne (la 29e depuis 1995) est que les pays se considérant comme développés ont promis de tripler leur aide (de 100 à 300 milliards de dollars par année) à l’égard des pays qui, eux, continuent à se développer. Ces derniers, qui sont supposés employer cet argent pour s’adapter aux inondations, aux canicules et aux sécheresses (mais qui ont probablement quelques idées réalistes sur ce qui leur sera vraiment utile), ont dénoncé un montant dérisoire, lamentablement faible. Ils exigeaient le double, voire davantage. Ils sont repartis furieux – mais en acceptant tout de même les 300 milliards.

Les Européens ne sont pas très contents non plus, car l’accord de Bakou ne mentionne, nous dit-on, aucun objectif de transition vers la sortie des énergies fossiles. Curieux, non? En revanche les Azéris ont assez ri, car le texte insiste sur l’importance des combustibles de transition tels que le gaz, et il se trouve que l’Azerbaïdjan – c’est une coïncidence – n’exporte pas que du pétrole, mais aussi du gaz, en particulier vers l’Europe.

Cette COP 29 a atteint un objectif aussi rare que remarquable: zéro émission d’idéologie, seuls des intérêts sonnants et trébuchants se sont imposés.

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