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Jules Verne et la beauté de l’humanité

Lars Klawonn
La Nation n° 2267 29 novembre 2024

Les Enfants du Capitaine Grant est un de grands romans d’aventure de Jules Verne; c’est aussi un récit de voyage et un roman éducatif dans le sens où on apprend des faits historiques, géographiques, géologiques, zoologiques et botaniques sur l’Amérique du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande du 19e siècle. Il raconte l’histoire d’un long voyage à la recherche d’un naufragé en mer, le capitaine Grant. L’équipage est écossais et anglais. Sauf un: le géographe Paganel qui est français. Sa présence sur le yacht du Lord Glenarvan n’était pas prévue. Il y a atterri par mégarde, s’étant trompé de bateau. Tenu pour un homme distrait par les membres de l’équipage, il fait d’abord sourire. Mais très vite, on commence à apprécier ses qualités humaines et scientifiques. Grâce à son ingéniosité, il trouve des solutions à des situations qui paraissent sans issue. La présence de ce singulier personnage donne l’occasion à Jules Verne, grand lecteur de Walter Scott et de Charles Dickens, d’envoyer des piques savoureuses contre l’esprit anglais, qu’il connaît bien et qu’il aime beaucoup pour avoir voyagé en Grande-Bretagne.

Un appel au secours contenu dans une bouteille jetée à la mer qu’on a extirpée de l’estomac d’un requin est à l’origine de la longue traversée en bateau. Ce document étant incomplet, car en partie illisible, il doit être réinterprété à plusieurs reprises lors du voyage afin de trouver le vrai lieu de naufrage. A chaque fois, les événements réels contredisent crûment les certitudes que les hommes savants de l’équipage donnaient à leurs interprétations successives. Or face aux faits nouveaux, ils sont capables de se mettre en question avec une impressionnante humilité.

Au cours de leur périple, les héros de Jules Verne traversent trois continents en bateau, à cheval, en chariot et à pied et, comme il se doit pour un roman d’aventure, doivent affronter de nombreux périls, venant d’une part de la nature, les tempêtes, les tremblements de terre et les bêtes sauvages et de l’autre de l’homme, les hors-la-loi, les indigènes et les cannibales.

Ce qui impressionne avant tout, quand on lit Les Enfant du Capitaine Grant, ce sont les qualités humaines de ses héros. Quoi qu’il arrive, ils restent soudés face aux dangers et face à la mort. Entre eux, jamais une seule discorde; rien ne les divise. Leur première pensée est toujours donnée à la protection des membres les plus faibles de l’équipage, à savoir la femme du Capitaine Grant et ses deux enfants. Portés par un élan généreux et un enthousiasme jamais défaillant, ces héros sont nobles d’esprit, dévoués et loyaux. Ils font preuve de sang-froid et de courage, mais aussi de ténacité et d’abnégation. Chaque membre de l’équipage a son caractère propre, il est un être humain à part entière. En même temps, chacun est à sa place, chacun, dans sa fonction sur le yacht comme à terre, remplit son devoir. Intelligents et savants, c’est-à-dire ayant une connaissance générale des matières en plus d’un savoir-faire spécifique, ils sont aussi cultivés et civiques. Incapables de vanité et d’égoïsme, leurs motivations sont libres de toute intention délétère, de toute mauvaise foi et de toute bassesse.

Si lire les grands romans populaires de Jules Verne reste encore aujourd’hui une expérience unique et parvient à passionner les lecteurs, ce n’est pas tant en raison de son intérêt pour les découvertes scientifiques de son temps, ni en raison de ses anticipations sur de futures inventions dans ses œuvres de science-fiction, mais surtout grâce à cet esprit d’équipe aux vertus chevaleresques, qui constitue le socle sur lequel repose la grande architecture vernienne. Plus largement, sa grande humanité, l’esprit de jeunesse, cette confiance inébranlable en la vie, cet optimisme foncier, la certitude d’avancer et de réussir quoi qu’il arrive, rendent cette œuvre lumineuse et lui confèrent sa dimension éternelle.

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